C’est en août 2006 que je découvre ce paysage sublunaire. Tel un désert artificiel, cet endroit paraît surréaliste. Sous le soleil écrasant, le sol devient éblouissant.
Je perds tout repère : l’horizon se fond entre ciel et mer, les distances sont déformées par le manque de relief. Les couleurs se transforment. Le bleu vif vire progressivement au cyan qui lui-même se mélange à du rose pour finir blanc transparent. Lignes droites, puis triangles, carrés, ronds composent le paysage, se réduisant à un décor minimaliste de Robert Wilson. Sous mes pieds, ce sol étrange devient mousseux, visqueux et nauséabond mais à la fois tranchant. Il craque à chaque pas comme du verre translucide et me ronge peu à peu. Où suis-je ?
Je lève les yeux au ciel et aperçois la lune. Me voilà rassuré.Quelques crevettes et insectes attirent de grands échassiers. La végétation a pratiquement disparu, brûlée par le soleil mais surtout par le sel. Je suis sur les marais salants de Camargue dans le sud de la France.