Jouant sur les rapports entre représentation et réel, cette photographe nous questionne sur ce que nous voyons. Il n'y a pas d'immersion dans la réalité, mais plutôt prise de distance par un cadre souvent large et tranché. Tantôt les personnages disparaissent de l'image, ne laissant que des silhouettes blanches, tantôt la photographie permet au contraire de désigner ce qui n'est plus. L'illusion ne se dissimule pas, l'instantané ne ment pas : il est artifice. Pourtant, il permet de suggérer la réversibilité du visible. Transparence ou opacité, plénitude ou vide ; les choses sont différentes des perceptions que nous en avons. La nature, ainsi explorée par le photogramme, prend une dimension fantastique. Et la représentation outrepasse la réalité. Car par-delà l'image, c'est un imaginaire que ces visions mobilisent. Souvent les repères spatio-temporels s'effacent pour évoquer un univers surréaliste, peuplé de songes et de mythes. Cet univers esquissé appelle la narration et nous conte nos histoires, nos mystères. Le réel se trouve alors porteur d'une dramaturgie propre à chacun. Par les atmosphères re-crées, on peut penser à Cocteau, à Magritte, à Edgar Poe, mais surtout à soi, dans toute son ambivalence.