Portrait d'Emile Loreaux par Vân Pham

Citoyen du monde, ce photographe pointe les travers de la société moderne. En adoptant la démarche du reporter, il a d’abord recherché les traces de l’impact humain sur l’environnement. Par la suite, questionnant toujours nos comportements, il porte sa réflexion sur la société de consommation. Son regard se pose alors sur la vie dans les grandes surfaces, les accumulations de produits, le vertige des rayonnages. Le désir d’abondance à moindre coût implique un monde du travail impitoyable, tant dans la production que dans la distribution. Ainsi, les séries au Pays des Merveilles et je suis une tomate révèlent que nos choix de consommation sont loin d’être anodins. Cette oeuvre dénonce l’absurdité de nos actes avec lucidité, mais aussi avec fantaisie. S’éloignant du simple reportage dans Tête de gondole, le photographe fait le choix de se mettre en scène et se sert de la fiction pour introduire le burlesque. Cet univers n’est pas sans rappeler Play Time de Tati, film qui caricaturait la modernité des années 60. Mais, à cette époque, l’homme semblait se perdre dans un cadre épuré, dominé par la technologie. Aujourd’hui, il s’égare dans la profusion des objets dont il ne sait que faire. Le personnage prend donc le parti d’en rire et joue dans les allées des supermarchés. Les images sont comiques. Pourtant, l’humour se fait grinçant, car dans cet monde formaté par la société marchande, l’individu apparaît comme la seule part imprévisible.

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