Sa première passion fut la musique. De cet apprentissage exigeant restent la rigueur de la composition et la juste mesure du temps.

Par sa photographie aux cadrages nets, aux contours acérés, le spectateur est au plus près des choses. Les lignes tracées guident le regard sans jamais s’imposer. L’image se fait sensuelle, veloutée comme un éloge à la texture ; celle de l’épiderme, de ses plissures, celle de la mousseuse végétation ou de la pierre polie par les âges… Parfois un puits de lumière lactescente ou une brume matinale enveloppe les êtres d’un voile translucide. La réalité se révèle au travers, en toute délicatesse. La photographe porte une attention bienveillante sur le monde, à travers la disparité de ces détails ou de ces instants fragiles, voués à disparaître. Elle sait l’usure du temps qui travaille sans relâche les chairs et les matières, et tente alors de rendre compte des états transitoires –tels l’enfance et l’aube. Les choses subissent de nombreux avatars et sont, malgré les apparences, en perpétuel mouvement.

L’appareil photographique permet à l’artiste de coucher sur le papier les traces de ces changements, de capturer ces rémanences, volatiles ou labourant la matière, qui modifient profondément l’être.

pauline.ruhl